Pédagogie de la crise: explications et analyse critique

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Economie

Résumé: 

La crise financière que nous traversons est assimilable à la crise des années 1930 dans la mesure où elle montre que les règles de fonctionnement du système capitaliste doivent évoluer, sous peine de connaître des crises similaires dans l’avenir. Dans les années 1930, il s’agissait de sortir de la logique concurrentielle du XIXe siècle. C’est pourquoi cette crise sera qualifiée de crise de régulation du système capitaliste dans la mesure où celui-ci ne parvient plus à se reproduire sans déséquilibres majeurs, lesquels sont suffisamment importants pour remettre en cause son existence et son propre mode de fonctionnement. Aujourd’hui, il s’agit également d’élaborer de nouveaux modes de régulation pour encadrer et contrôler cette financiarisation croissante de l’économie qui conduit aux mêmes déséquilibres et aux mêmes dysfonctionnements.

Crise du capitalisme concurrentiel, crise du capitalisme financier : crises majeures d’un système dépassé par ses incohérences et ses propres contradictions.

Extrait: 

Les mécanismes d’un krach sont toujours les mêmes, quels que soient les marchés et les époques auxquelles ils se produisent. Les marchés financiers sont coutumiers du fait car ce sont ceux qui se rapprochent le plus du modèle théorique de la « concurrence pure et parfaite ». Il y a au départ des hausses de prix qui attirent de nouveaux investisseurs avides de réaliser des plus-values à court terme. L’évolution des prix est le principal critère de la prise de décision des offreurs et des demandeurs sur le marché, lesquels fonctionnent par plus ou moins de mimétisme. Le mécanisme de la bulle spéculative va à l’encontre des règles de la détermination de l’offre et de la demande par rapport aux prix puisque la hausse des cours provoque une hausse de la demande, alors que celle-ci est normalement décroissante par rapport à l’augmentation des prix. Lorsque le prix du carburant augmente, les automobilistes essaient de limiter l’utilisation de leurs véhicules, bien qu’il s’agisse pourtant d’un poste de dépenses peu compressible. Il y a formation d’une bulle spéculative sur les marchés financiers lorsque la hausse des prix ne dissuade pas de nouveaux acheteurs, elle provoque au contraire une hausse de la demande, tandis que l’offre se raréfie. Sur les marchés financiers, les détenteurs de titres retardent l’échéance, ils espèrent réaliser des plus-values en les vendant plus tard à un cours plus élevé. Puis une inversion brutale de la tendance se produit suite à des données statistiques qui ramènent «  ce petit monde » à la réalité, ce qui va alors provoquer des effets de panique qui accentuent de manière tout aussi irrationnelle la baisse : c’est alors un krach boursier, considéré comme tel lorsque les cours des valeurs mobilières s’effondrent brutalement. Le plus célèbre est le krach boursier de 1929. Le 24 octobre, la bourse de New York s'effondre. En quelques heures, 12 millions de titres sont vendus sur le marché. Les cours chutent de 30%. Le "krach" se confirmera le mardi 29. Le "black Thursday" est le commencement de ce qui sera la plus grave crise économique de l'Histoire.

Le krach du secteur immobilier obéit aux mêmes lois de marché.

La crise du crédit contraint de nombreux propriétaires à vendre leurs biens, ce qui se traduit par un afflux massif de résidences sur le marché de l’immobilier. Il en découle une forte chute des prix car la demande est très largement insuffisante, les acquéreurs potentiels ne se « bousculant pas au portillon » en raison des difficultés économiques ou de la prise en compte de la baisse à venir dans leur stratégie de décision. Ce krach en entraîne un autre dans la mesure où il provoque une crise des systèmes de financement, laquelle se propage à son tour sur les autres marchés. Ce krach immobilier est tout de même un peu différent du précédent, l’éclatement de la « bulle Internet » en 2000, car il n’est pas causé par de la pure spéculation financière. Lorsque les cours de start-ups pouvaient augmenter de plus de 100% en une année alors qu’elles n’avaient jamais réalisé un $ de bénéfice.

John Maynard Keynes (1883-1946) dénonçait les effets moutonniers sur les marchés, lesquels conduisent à la formation de bulles spéculatives et à des krachs n’ayant plus guère de rapports avec la réalité économique. La forte volatilité des prix est liée à ces effets moutonniers des agents économiques, c’est l’irrationalité des acteurs gouvernés par l’avidité du gain à court terme, ou par la nécessité de réduire leurs pertes dans les moments de panique. 

La génèse: 

En 2007, la crise de l'immobilier et des organismes de financement éclate au grand jour, avec pour point d'orgue la liquidation de la banque « Lehman Brothers » aux Etats-Unis. Cette crise profonde du système capitaliste me laisse un goût amer dans le sens où elle s'inscrit largement dans le programme de sciences économiques et sociales. Etant sur la touche, je ne peux expliquer aux élèves les tenants et les aboutissants de cette crise majeure, cette période de grands bouleversements qui donne un éclairage « inespéré » à des mécanismes économiques souvent abstraits, voire abscons, pour des élèves de Première et Terminale ES. Ma maladie revient sur le devant de la scène, elle qui constituera le fil rouge de tout mon travail d'écriture.

Conforté par la publication de mon premier livre, je décide alors de continuer mon travail d'enseignant sous une autre forme à travers l'écriture de ce second ouvrage. Il me permet partiellement de combler cet état de frustration, avec cette exigence permanente d'expliquer autant que possible simplement, une situation complexe aux enchevêtrements multiples. L'écriture de ce livre est relativement rapide car «  je fais ce que je sais faire », bien qu'il faille être très rigoureux quant à la publication de données chiffrées, sur les sources, ou les rappels théoriques. Je dois en conséquence faire preuve de beaucoup de concentration, laquelle est mise à mal par les douleurs chroniques et les traitements médicamenteux.

Je ne pouvais pas apposer la mention « sciences économiques et sociales », mais j'avais – modestement- réalisé un vrai cours à l'usage des élèves, et vis à vis de tous ceux qui étaient à la recherche d'explications. J'étais dans mon élément, j'éprouvais une certaine fierté, mais ce travail avait mis en exergue une double contrainte. D'une part, les difficultés à mobiliser ma concentration, et d'autre part, je ne « coupais pas », je restais accroché à la perspective de reprendre mon activité professionnelle, en totale inadéquation avec la dégradation de mon état de santé. Je prenais alors conscience que ces deux livres ne pouvaient pas avoir cet effet libératoire, et que le travail se substituait trop à l'idée de plaisir. Il me fallait partir sur un autre genre: la fiction.